jeudi 12 septembre 2013

III - Nationalisme & Patriotisme / a) Les héros de guerre : Pompiers et soldats à l’honneur « Honoring the Rescuers »

Chaque guerre a ses héros et ses victimes. Au nombre de 3000, les victimes américaines du 11 Septembre ont énormément fait parler d’elles, jusqu’à l’épuisement. Les héros quant à eux, la nation Etats-unienne ne s’en lasse pas. Glorifier ceux qui se sont dévoués pour sauver leurs compatriotes, ceux qui sont en Irak pour sauver une population d’une dictature, devient une suite logique.
Très vite au New York Times, on peut lire des articles portant aux nues les « firefigters », nouveaux héros de l’Amérique, sans aucun doute moins controversés que les soldats d’Irak, et ces hommes au courage sans bornes, qui sont pour certains morts au « combat », deviennent par là même des symboles épiques. Dans la suite des « A Nation Challenged », titre phare concernant les attaques du 11 Septembre, le New York Times consacre un article dès le lendemain du drame pour « honorer ses sauveurs ».

Ecoutez les survivants s’étant enfuis par les escaliers d’un World Trade Center condamné le jour du 11 Septembre, et attendez vous à être submergés d’appréciations bouleversantes à propos de ces visages sur ces pages. Pour des milliers d’employés horrifiés fuyant les attaques terroristes, la vision la plus remarquable durant leur descente était la vague déterminée de pompiers avançant vers un ciel brûlant. « Un pompier s’arrêta pour prendre son souffle, et nous nous sommes regardés dans les yeux », dit Louis G. Lesce, qui était en chemin du 86eme étage du World Trade Center , le premier touché. « Il était en train de se rendre dans un endroit que j’essayais de fuir par tous les moyens. Je l’ai regardé en pensant.  ‘Pourquoi faîtes vous ça ? ‘, il me regarda comme si il me connaissait déjà. ‘C’est mon job’.  57)
Le pompier devient alors une figure emblématique, et son action est romancée, dramatisée, en quelque sorte « cinématisée ». : “We all broke out into applause at one point. It was a wonderful moment”. Surprenant qu’aucun film retraçant la journée d’un pompier le 11 Septembre 2001 n’ait été encore produit par les studios d’Hollywood.
En tout, 343 pompiers étaient portés disparus le 12 septembre, ou étaient identifiés parmi les victimes.  “The number of casualties was staggering.” Des casernes entières furent perdues. Le dernier drame touchant les pompiers remontait à l’année 1966 avec 12 pompiers tués lors d’un feu dans la 23eme rue, soit 30 fois plus de victimes.
Les soldats Américains ne sont pas en reste. Ils sont eux aussi mis à l’honneur régulièrement dans le quotidien new-yorkais. Le mercredi 26 octobre 2005, le New York Times publie les photos d'environ un millier des 2.000 soldats américains morts en Irak. Le journal, qui avait déjà publié les photos du premier millier de morts américains en Irak en septembre 2004, publie sur quatre pleines pages les portraits de 995 militaires tués en Irak depuis cette date. Sous chaque photo figure l'identité du soldat tué, son âge et sa ville de résidence. "Il s'agit du plus lourd bilan militaire depuis la guerre du Vietnam", note le quotidien. Critique de la guerre ou accent mis sur l’héroïsme ?
Le New York Times consacre également deux autres pages pour raconter l'histoire de trois jeunes soldats, âgés de 25, 22 et 20 ans, morts au combat. Le courage de ces soldats est clairement évoqué, et le New York Times rend ainsi hommage à ces hommes se sacrifiant pour leur patrie. Etre Américain devient synonyme de héros.

Cette glorification des pompiers, ce culte de l’héroïsme des soldats américain, signifie-t-il une montée du patriotisme ? Le nationalisme ambiant s’est-il affirmé encore un peu plus grâce à la presse ?

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