Très vite au New York Times, on peut lire des articles
portant aux nues les « firefigters », nouveaux héros de
l’Amérique, sans aucun doute moins controversés que les soldats
d’Irak, et ces hommes au courage sans bornes, qui sont pour
certains morts au « combat », deviennent par là même
des symboles épiques. Dans la suite des « A Nation
Challenged », titre phare concernant les attaques du 11
Septembre, le New York Times consacre un article dès le
lendemain du drame pour « honorer ses sauveurs ».
Ecoutez les survivants s’étant
enfuis par les escaliers d’un World Trade Center condamné le jour
du 11 Septembre, et attendez vous à être submergés d’appréciations
bouleversantes à propos de ces visages sur ces pages. Pour des
milliers d’employés horrifiés fuyant les attaques terroristes, la
vision la plus remarquable durant leur descente était la vague
déterminée de pompiers avançant vers un ciel brûlant. « Un
pompier s’arrêta pour prendre son souffle, et nous nous sommes
regardés dans les yeux », dit Louis G. Lesce, qui était en
chemin du 86eme étage du World Trade Center , le premier touché.
« Il était en train de se rendre dans un endroit que
j’essayais de fuir par tous les moyens. Je
l’ai regardé en pensant. ‘Pourquoi faîtes vous ça ? ‘,
il me regarda comme si il me connaissait déjà. ‘C’est
mon job’.
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Le pompier devient alors une figure emblématique, et son action est
romancée, dramatisée, en quelque sorte « cinématisée ». : “We
all broke out into applause at one point. It was a
wonderful moment”. Surprenant qu’aucun film retraçant la
journée d’un pompier le 11 Septembre 2001 n’ait été encore
produit par les studios d’Hollywood.
En
tout, 343 pompiers étaient portés disparus le 12 septembre, ou
étaient identifiés parmi les victimes. “The
number of casualties was staggering.” Des casernes entières
furent perdues. Le dernier drame touchant les pompiers remontait à
l’année 1966 avec 12 pompiers tués lors d’un feu dans la 23eme
rue, soit 30 fois plus de victimes.
Les
soldats Américains ne sont pas en reste. Ils sont eux aussi mis à
l’honneur régulièrement dans le quotidien new-yorkais. Le
mercredi 26 octobre 2005, le New York Times publie les photos
d'environ un millier des 2.000 soldats américains morts en Irak.
Le journal, qui avait déjà publié les photos du premier millier de
morts américains en Irak
en septembre 2004, publie sur quatre pleines pages les portraits de
995 militaires tués en Irak depuis cette date. Sous chaque photo
figure l'identité du soldat tué, son âge et sa ville de résidence.
"Il s'agit du plus lourd bilan militaire depuis la guerre du
Vietnam", note le quotidien. Critique de la guerre ou accent mis
sur l’héroïsme ?
Le New York Times consacre également deux autres pages pour
raconter l'histoire de trois jeunes soldats, âgés de 25, 22 et 20
ans, morts au combat. Le courage de ces soldats est clairement
évoqué, et le New York Times rend ainsi hommage à ces
hommes se sacrifiant pour leur patrie. Etre Américain devient
synonyme de héros.
Cette glorification des pompiers, ce culte de l’héroïsme des
soldats américain, signifie-t-il une montée du patriotisme ?
Le nationalisme ambiant s’est-il affirmé encore un peu plus grâce
à la presse ?
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