Selon une étude du département de journalisme de l’Université de
Pennsylvanie, 70 titres contenant le mot « Islam »
auraient été publiés au New York Times du 12 Septembre 2001
au 11 Juin 2002. 18 d’entre eux sont soit des éditoriaux, soit des
titres de livres ; 52 gros titres ont été analysés lors de
cette étude. Vingt cinq titres commencent avec cette même
expression : « A NATION
CHALLENGED » :
A NATION
CHALLENGED: ISLAM;
Bin
Laden's Wildfire Threatens Might of Saudi Rulers
A NATION
CHALLENGED: THE MUSLIMS;
More
Extremist Find Basis for Rebellion in Islam
A NATION
CHALLENGED: ISLAM ABROAD;
Europe’s
Muslims Seek a Path Amid Competing Cultures 48)
Ce qui ressort de cette étude est frappant:
L’Islam est mentionné sans aucune raison particulière, et utilisé
pour relier Ben Laden à l’Arabie Saoudite. Le mot « Islam »
est souvent superflu, Ben Laden vient bien d’Arabie Saoudite, mais
aucune information supplémentaire n’est nécessaire pour le relier
à ce pays plus qu’il ne l’est déjà.
La plupart de ces “NATION CHALLENGED” se
réfèrent à l’Islam comme étant à l’encontre des normes
sociétales. En effet, dans 14 de ces gros titres, l’Islam semble
plus une force politique qu’une religion. 27% de ces titres
traitent non pas de religion mais de politique.
Turkey Well Along Road to
Secularism, Fears Detour to Islamism
With
Indonesia Politics Up for Grabs Islam’s Role Grows. 48)
Sur vingt-six titres contenant le mot “Islam”, la moitié
renvoient directement ou non à un conflit, de nature militaire, ou
sociale, des conflits que les musulmans affrontent dans divers pays.
Neuf titres quant à eux sont centrés sur Ben Laden et les membres
d’Al Qaïda, comme le 20eme terroriste Zacarias Moussaoui. 49)
A NATION CHALLENGED: THE VIDEO;
Bin Laden, in a Taped Speech, Says Attacks in Afghanistan Are a War
Against Islam
A NATION CHALLENGED: THE
AMERICAN PRISONER; A Cousin, Also a Convert to Islam, Calls Lindh a
‘True Hero’ and Says He Is Innocent
L’islam semble être l’ennemi, plus que les terroristes ou même
Ben Laden. Le prisonnier « also a convert to islam »,
serait-il prisonnier s’il n’était pas musulman ? L’Islam
n’est plus une religion et le New York Times lui donne
corps inquiétant en la personne de Ben Laden et de AL Quaeda. Et
que dire de « A NATION CHALLENGED: THE RELIGIOUS RIGHT; Islam
Is Violent in Nature” ? 50)
L’islam
en tant que religion est ouvertement critiqué. Des personnalités
occidentales telles que l’extrémiste Sylvio Berlusconi, premier
ministre de l’Italie, expriment aussi leur avis dans les colonnes
du Times : « Berlusconi Stands By Remarks on
Islam ».
Dans cet article, il défend le fait que la civilisation occidentale
est nettement supérieure à la civilisation islamique. L’islam,
plus que le terrorisme, devient le bouc émissaire d’un journal en
quête de coupable, en quête d’un ennemi à abattre. Les articles
soulignant l’aspect pacifiste de cette religion se font rares.
Deux titres seulement font part de musulmans contre le terrorisme.
A NATION
CHALLENGED: ISLAM; Moderate Muslims Fear Their Message Is Being
Ignored PUBLIC LIVES; A Daughter of Islam, and an Enemy of Terror.
Appeler un Musulman “Modéré” peut sembler paradoxal par nature
car la violence ne fait pas partie de la religion islamique.
Seulement 5 titres, soit 10% comprenant le mot “Islam” traitent
réellement de religion contre 49% de politique et de violence.
Ranks of Latinos Turning to
Islam Are Increasing; Many in City Were Catholics Seeking old Muslim
Roots
SHELF LIFE;
The Story of Islam’s Gift of Paper to the West. 51)
Ben Laden apparaît dans 181 titres du NYT, et le mot
“Taliban” 257 fois. « Muslim Forces », une
expression d’apparence contradictoire, apparaît quant à elle 195
fois. “War and Islam” apparaîssent 3 fois ensemble. Le New
York Times dépeint l’islam comme une milice et une force
politique, mais semble oublier qu’il s’agit avant tout d’une
religion.
La plupart des journalistes
Occidentaux manquent d’entraînement sur les sujets concernés et
par conséquent sont ignorant des cultures et langages de l’islam.
Les médias occidentaux suggèrent que le terrorisme est une
expression du fondamentalisme islamiste. 52)
Implicitement, le New York Times allie Islam et violence et
crée ainsi l’esprit de vengeance que le monde connaît
actuellement. Ce traitement de l’Islam est-il un accident ? Ou
le New York Times est tombé dans un esprit sensationnaliste
plus qu’informateur ?
L’envie d’attirer un maximum de lecteurs a-t-elle violé le code
éthique du prestigieux journal : couvrir l’actualité aussi
impartialement que possible ?
Les journaux sont publiés pour être vendus. Lors de la chasse aux
armes de destruction massive, le New York Times s’est aussi
jeté à corps perdu dans une chasse au scoop. Le New York Times
a-t-il succombé au besoin de montrer aux lecteurs ce qu’ils
avaient envie de lire ?
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