jeudi 12 septembre 2013

b) L’islam en gros titre

Selon une étude du département de journalisme de l’Université de Pennsylvanie, 70 titres contenant le mot « Islam » auraient été publiés au New York Times du 12 Septembre 2001 au 11 Juin 2002. 18 d’entre eux sont soit des éditoriaux, soit des titres de livres ; 52 gros titres ont été analysés lors de cette étude. Vingt cinq titres commencent avec cette même expression : « A NATION CHALLENGED » :

A NATION CHALLENGED: ISLAM;
Bin Laden's Wildfire Threatens Might of Saudi Rulers
A NATION CHALLENGED: THE MUSLIMS;
More Extremist Find Basis for Rebellion in Islam
A NATION CHALLENGED: ISLAM ABROAD;
Europe’s Muslims Seek a Path Amid Competing Cultures 48)

Ce qui ressort de cette étude est frappant: L’Islam est mentionné sans aucune raison particulière, et utilisé pour relier Ben Laden à l’Arabie Saoudite. Le mot « Islam » est souvent superflu, Ben Laden vient bien d’Arabie Saoudite, mais aucune information supplémentaire n’est nécessaire pour le relier à ce pays plus qu’il ne l’est déjà.
La plupart de ces “NATION CHALLENGED” se réfèrent à l’Islam comme étant à l’encontre des normes sociétales. En effet, dans 14 de ces gros titres, l’Islam semble plus une force politique qu’une religion. 27% de ces titres traitent non pas de religion mais de politique.

Turkey Well Along Road to Secularism, Fears Detour to Islamism
With Indonesia Politics Up for Grabs Islam’s Role Grows. 48)

Sur vingt-six titres contenant le mot “Islam”, la moitié renvoient directement ou non à un conflit, de nature militaire, ou sociale, des conflits que les musulmans affrontent dans divers pays. Neuf titres quant à eux sont centrés sur Ben Laden et les membres d’Al Qaïda, comme le 20eme terroriste Zacarias Moussaoui. 49)

A NATION CHALLENGED: THE VIDEO; Bin Laden, in a Taped Speech, Says Attacks in Afghanistan Are a War Against Islam
A NATION CHALLENGED: THE AMERICAN PRISONER; A Cousin, Also a Convert to Islam, Calls Lindh a ‘True Hero’ and Says He Is Innocent
L’islam semble être l’ennemi, plus que les terroristes ou même Ben Laden. Le prisonnier « also a convert to islam », serait-il prisonnier s’il n’était pas musulman ? L’Islam n’est plus une religion et le New York Times lui donne corps inquiétant en la personne de Ben Laden et de AL Quaeda. Et que dire de « A NATION CHALLENGED: THE RELIGIOUS RIGHT; Islam Is Violent in Nature” ? 50)
L’islam en tant que religion est ouvertement critiqué. Des personnalités occidentales telles que l’extrémiste Sylvio Berlusconi, premier ministre de l’Italie, expriment aussi leur avis dans les colonnes du Times : «  Berlusconi Stands By Remarks on Islam ».
Dans cet article, il défend le fait que la civilisation occidentale est nettement supérieure à la civilisation islamique. L’islam, plus que le terrorisme, devient le bouc émissaire d’un journal en quête de coupable, en quête d’un ennemi à abattre. Les articles soulignant l’aspect pacifiste de cette religion se font rares. Deux titres seulement font part de musulmans contre le terrorisme.

A NATION CHALLENGED: ISLAM; Moderate Muslims Fear Their Message Is Being Ignored PUBLIC LIVES; A Daughter of Islam, and an Enemy of Terror.

Appeler un Musulman “Modéré” peut sembler paradoxal par nature car la violence ne fait pas partie de la religion islamique. Seulement 5 titres, soit 10% comprenant le mot “Islam” traitent réellement de religion contre 49% de politique et de violence.

Ranks of Latinos Turning to Islam Are Increasing; Many in City Were Catholics Seeking old Muslim Roots
SHELF LIFE; The Story of Islam’s Gift of Paper to the West. 51)

Ben Laden apparaît dans 181 titres du NYT, et le mot “Taliban” 257 fois. « Muslim Forces », une expression d’apparence contradictoire, apparaît quant à elle 195 fois. “War and Islam” apparaîssent 3 fois ensemble. Le New York Times dépeint l’islam comme une milice et une force politique, mais semble oublier qu’il s’agit avant tout d’une religion.

La plupart des journalistes Occidentaux manquent d’entraînement sur les sujets concernés et par conséquent sont ignorant des cultures et langages de l’islam. Les médias occidentaux suggèrent que le terrorisme est une expression du fondamentalisme islamiste. 52)

Implicitement, le New York Times allie Islam et violence et crée ainsi l’esprit de vengeance que le monde connaît actuellement. Ce traitement de l’Islam est-il un accident ? Ou le New York Times est tombé dans un esprit sensationnaliste plus qu’informateur ?
L’envie d’attirer un maximum de lecteurs a-t-elle violé le code éthique du prestigieux journal : couvrir l’actualité aussi impartialement que possible ?

Les journaux sont publiés pour être vendus. Lors de la chasse aux armes de destruction massive, le New York Times s’est aussi jeté à corps perdu dans une chasse au scoop. Le New York Times a-t-il succombé au besoin de montrer aux lecteurs ce qu’ils avaient envie de lire ?  

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