jeudi 12 septembre 2013

II- De la crise au progrès: un New York Times en évolution / a) Transparence et presse

Selon le professeur de journalisme Jay Rosen:

Pour des lecteurs ordinaires, la transparence rend le jugement facile sur ce que font leurs journaux. 158)
Certains experts des medias déclarent que le New York Times n’avoua son erreur en 2000 et en 2004 que parce que son travail se trouvait critiqué et non pas par éthique. Ce pas vers plus de transparence serait ainsi plus réactif que « proactif ».
Pourtant, la réalité de 2004 est bien différente de la réalité dans laquelle se trouvait le Times à l’époque de « Wen Ho Lee », et beaucoup de changements témoignent de la volonté du NYT à instaurer plus de transparence. Par l’introduction d’un médiateur, d’un « blog » et d’un nouveau rédacteur en chef, qui tous analysent de près les moindres mots publiés par le journal, une nouvelle réalité introduit effectivement une ère de la transparence et un climat de plus grand recul.
Alors peut être que l’excuse publique du Times aurait du se trouver sur la première page du journal, mais le Times reste cependant le seul journal de grande influence à reconnaître ses tord, comme le souligne Don Wycliff :

Le Times n’a pas toujours été le leader dans un mouvement vers la transparence […], mais avec la note des éditeurs sur la couverture de la guerre en Irak, le Times a établi un sage précédent pour nous tous. 159)
En 2000, après la confession du NYT, Rosen avait écrit un article pour Media Channel.org. Bien que vieux de 4 ans, cet article parle bien des efforts du NYT et de sa capacité à dialoguer avec ses lecteurs.

Ma réaction lorsque j’ai lu la note des rédacteurs a été: mais pourquoi ne pas le faire toutes les semaines ou tous les jours? Publier une évaluation continue ferait du Times le leader dans une autre catégorie, c’est à dire montrer aux reste des médias d’actualité ce que veut dire s’auto analyser agressivement, « sans peur ou complaisance ». A partir de demain, le New York Times pourrait commencer à s’exprimer plus souvent, et avec une candeur encore plus grande, à propos de sa propre performance, et trouver ainsi cette autorité dans une culture ne marchant qu’au résultat. 160)

Le Times n’a pas encore suivit l’idée suggérée par Rosen de publier une évaluation quotidienne, mais le mea culpa de 2004 et les notes publiées au sujet de Blair témoignent d’un progrès vers beaucoup plus de transparence.
Cette notion de transparence et de vérité, est en directe relation avec l’idée d’une presse démocratique, comme l’explique James Carey :
Jusqu’à présent, le journalisme a un client, ce client c’est le public. La presse se justifie au nom du public : Cela existe, ou du moins c’est ce que l’on dit régulièrement, pour informer le public, pour servir d’œil et d’oreille agrandis au public, pour protéger le droit de savoir du public, pour servir l’intérêt du public. Les règles du journalisme original vont et viennent de la relation entre la presse et le public. Le public est totem et talisman, un objet de rituel et d’hommage. Insofar as journalism has a client, the client is the public. 161)

Le problème, selon Carey, est que la presse se justifie au nom du public, mais n’accorde aucune importance à ce public qu’elle voit comme un consommateur uniquement. Chris Hedges, l'une des plumes du New York Times regrette :
Nous sommes devenus, pour ainsi dire, les sténographes de ceux qui voulaient entrer en guerre, Nous n'avons pas relayé les voix discordantes qui s'élevaient au sein même du gouvernement. Peut-être, après les souffrances du 11 septembre, avons-nous eu le sentiment d'être assiégés. Dans ces circonstances, certaines informations auraient paru relever du sabotage, un peu comme si elles empêchaient de sécuriser le pays. 162)


La presse américaine jure, en tout cas, qu'on ne l'y reprendra plus. Et promet à ses lecteurs un «journalisme agressif», gage d'indépendance. «L'excitation est terminée. Maintenant, le travail commence», assure le New York Times. Malgré ses déclarations repenties et autocritiques, a-t-il réellement surmonté la pression d’un gouvernement puissant et influent ? Les élections présidentielles de 2004 ont-elles été plus transparentes que les précédentes ? Le New York Times après avoir affronté ses nombreuses faiblesses, ne semble toujours pas débarrassé d’une certaine docilité face à l’administration gouvernante.

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