Selon le professeur de journalisme Jay Rosen:
Pour des lecteurs ordinaires, la
transparence rend le jugement facile sur ce que font leurs journaux.
158)
Certains experts des medias déclarent que le New York Times
n’avoua son erreur en 2000 et en 2004 que parce que son travail se
trouvait critiqué et non pas par éthique. Ce pas vers plus de
transparence serait ainsi plus réactif que « proactif ».
Pourtant, la réalité de 2004 est bien différente de la réalité
dans laquelle se trouvait le Times à l’époque de « Wen
Ho Lee », et beaucoup de changements témoignent de la volonté
du NYT à instaurer plus de transparence. Par l’introduction
d’un médiateur, d’un « blog » et d’un nouveau
rédacteur en chef, qui tous analysent de près les moindres mots
publiés par le journal, une nouvelle réalité introduit
effectivement une ère de la transparence et un climat de plus grand
recul.
Alors peut être
que l’excuse publique du Times aurait du se trouver sur la
première page du journal, mais le Times reste cependant le
seul journal de grande influence à reconnaître ses tord, comme le
souligne Don Wycliff :
Le Times
n’a pas toujours été le leader dans un mouvement vers la
transparence […], mais avec la note des éditeurs sur la couverture
de la guerre en Irak, le Times
a établi un sage précédent pour nous tous. 159)
En 2000, après la confession du NYT, Rosen avait écrit un
article pour Media Channel.org. Bien que vieux de 4 ans, cet
article parle bien des efforts du NYT et de sa capacité à
dialoguer avec ses lecteurs.
Ma réaction lorsque j’ai lu
la note des rédacteurs a été: mais pourquoi ne pas le faire toutes
les semaines ou tous les jours? Publier une évaluation continue
ferait du Times
le leader dans une autre catégorie, c’est à dire montrer aux
reste des médias d’actualité ce que veut dire s’auto analyser
agressivement, « sans peur ou complaisance ». A partir de
demain, le New York
Times pourrait
commencer à s’exprimer plus souvent, et avec une candeur encore
plus grande, à propos de sa propre performance, et trouver ainsi
cette autorité dans une culture ne marchant qu’au résultat. 160)
Le Times n’a pas encore suivit l’idée suggérée par
Rosen de publier une évaluation quotidienne, mais le mea culpa de
2004 et les notes publiées au sujet de Blair témoignent d’un
progrès vers beaucoup plus de transparence.
Cette notion de transparence et de vérité, est en directe relation
avec l’idée d’une presse démocratique, comme l’explique James
Carey :
Jusqu’à présent, le
journalisme a un client, ce client c’est le public. La presse se
justifie au nom du public : Cela existe, ou du moins c’est ce
que l’on dit régulièrement, pour informer le public, pour servir
d’œil et d’oreille agrandis au public, pour protéger le droit
de savoir du public, pour servir l’intérêt du public. Les règles
du journalisme original vont et viennent de la relation entre la
presse et le public. Le public est totem et talisman, un objet de
rituel et d’hommage. Insofar
as journalism has a client, the client is the public. 161)
Le problème, selon Carey, est que la presse se justifie au nom du
public, mais n’accorde aucune importance à ce public qu’elle
voit comme un consommateur uniquement. Chris
Hedges, l'une des plumes du New
York Times regrette :
Nous
sommes devenus, pour ainsi dire, les sténographes de ceux qui
voulaient entrer en guerre, Nous n'avons pas relayé les voix
discordantes qui s'élevaient au sein même du gouvernement.
Peut-être, après les souffrances du 11 septembre, avons-nous eu le
sentiment d'être assiégés. Dans ces circonstances, certaines
informations auraient paru relever du sabotage, un peu comme si elles
empêchaient de sécuriser le pays. 162)
La presse américaine jure, en tout cas, qu'on ne l'y reprendra plus.
Et promet à ses lecteurs un «journalisme agressif», gage
d'indépendance. «L'excitation est terminée. Maintenant, le
travail commence», assure le New
York Times.
Malgré ses déclarations repenties et autocritiques,
a-t-il réellement surmonté la pression d’un gouvernement puissant
et influent ? Les élections présidentielles de 2004 ont-elles
été plus transparentes que les précédentes ? Le New York
Times après avoir affronté ses nombreuses faiblesses, ne semble
toujours pas débarrassé d’une certaine docilité face à
l’administration gouvernante.
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